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Eloi Kouzoundji

eloikouzoundji@yahoo.fr

Eloi Kouzoundji est coordinateur adjoint et chef d'équipe de la Coalition nationale de la société civile pour le New Deal en RCA (CNOSC / New Deal) et, depuis 2016, vice-président du Groupe d'étude et de recherche sur la démocratie et le Développement économique et social (GERDES). Il est également le point focal national adjoint de la CSPPS en RCA depuis 2016.

Future Needs Peacebuilding Blog

FriEnt is celebrating its 20th anniversary with the launch of a new blog series. The Future needs-Peacebuilding Blog examines the future challenges and opportunities of peacebuilding for local, national and international actors. Authors from academia, policy level and the practical field share new perspectives and impulses on seven topic areas relevant to the
future of peacebuilding.

Issue: Implementing Agendas for Peace

Global arenas and agendas provide leverage points for peacebuilding dimensions. How well and future-oriented is the peacebuilding dimension set up in the international system? How should peacebuilders actively and efficiently engage with other policy fields and on the ground to move from theoretical concepts to an effective and visible implementation of the SDGs?

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Nouvelles visions pour la République Centrafricaine

Une faible implémentation effective des ODD depuis 2019: Que faire ?
16 December 2021

La nouvelle section du blog "Future Needs Peacebuilding" se concentre sur la mise en œuvre des agendas pour la paix. Eloi Kouzoundji examine la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) en République centrafricaine (RCA).

La République Centrafricaine (RCA), qui couvre une superficie de 623 000 km2, compte environs 5 millions d’habitants. Malgré sa forte dotation en ressources naturelles, le pays est l’un des pays plus pauvres de la planète. La majorité de la population vit dans des conditions difficiles. 62% d’entre elles vivent avec moins de 1,25 USD par jour.

Ce pays a été marqué par trois décennies de crises sociopolitiques. La plus profonde, qui perdure, a débuté par la prise du pouvoir par la Séléka le 24 mars 2012 . Le pays est entré dans un cycle de violence sans précédent ayant conduit à une transition politique de trois (3) ans. Le retour à l’ordre constitutionnel le 30 mars 2016, qui avait suscité beaucoup d’espoir, a produit des résultats mitigés. Malgré un Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en RCA (APPR) signé entre le Gouvernement et les quatorze groupes armés le 06 février 2019, la majorité du territoire est restée occupée par ces derniers qui continuent de commettre de graves violations des droits de l’homme.

Dans cette crise, la société civile a été à l’avant-garde dans la protection des civils et la défense des droits humains. Les églises servaient de refuge pour la population civile, les leaders locaux et les religieux étaient les seuls défenseurs d’une population abandonnée à d’horribles violences, en l’absence de l’Etat, au risque de leur vie. Lors des expéditions punitives répétées, six prêtres et plusieurs leaders et autorités locales ont été assassinés et des milliers de civils massacrés.

Malgré ce décor, le pays a présenté son Rapport National Volontaire (RNV) sur la mise en œuvre des Objectifs du Développement Durable (ODD) qui a permis d’alimenter les échanges des travaux de la 74e Assemblée Générale des Nations Unies en juillet 2019.

Un RNV, à élaboration inclusive, indique des avancés mitigées dans la mise en œuvre des ODD

L’une des richesses de ce processus est qu’une majorité des organisations de la société civile , à travers un atelier le 08 mai 2019, a fourni une importante contribution à la finalisation du RNV. L’élaboration et la présentation de ce rapport ont créé une synergie multi acteurs à travers la participation des institutions républicaines, les ministères sectoriels, le secteur privé, la société civile, les jeunes et les femmes ainsi que les représentants des collectivités locales.

Malgré une parfaite intégration des ODD au plan de développement national , des progrès mitigés ont été observés dans leur mise en œuvre. Ceci est dû, en grande partie, à la situation sociopolitique et économique marquée par une instabilité sécuritaire.

Sur 10 000 enfants soldats estimés en 2014, 35% ont été démobilisés en 2018. Pour cette même année, l’enregistrement à l’état civil des enfants de moins de 5 ans était de 62%, la proportion des écoles fonctionnelles a progressé de76%, le taux de scolarisation des filles est passé de 103% et celle des garçons a augmenté de 129%.

Or, la dégradation de la situation sécuritaire a provoqué une poussée des homicides volontaires et des décès liés au conflit. Il en est de même des violences physiques, psychologiques et sexuelles qui ont progressé de 19,9% à 25% entre 2015 et 2018.

Ce rapport, qui met en lumière une faible appropriation de l’agenda 2030, le manque de données statistiques, le défi de financement du processus et une faible mobilisation d’une société civile aux capacités renforcées, propose une série de recommandations pour y pallier.

Le post RNV marqué par la sécurisation et la consolidation des institutions politiques

Après le RNV, les actions du Gouvernement se sont orientées prioritairement dans deux directions principales : le rétablissement de la sécurité et l’organisation des élections dans les délais afin d’éviter un vide constitutionnel après le 30 mars 2021.

En effet, la reconquête du territoire national occupé par les groupes armés s’est accompagnée de la restauration de l’autorité de l’Etat sur la base d’un document préalablement élaboré. En plus des Forces Armées Centrafricaines (FACA) en reconstruction, ce processus s’est appuyé sur les forces paramilitaires russes et les militaires ruandais.

Outre les effets collatéraux largement déplorés et relayés par les média, une partie du territoire est restée hors du contrôle gouvernemental et le dérapage budgétaire relatif a conduit à la suspension des aides budgétaires vitales au pays par les partenaires financiers extérieurs. Le pays peine à renouer avec le Fonds Monétaire International (FMI). Ceci impactera négativement, à court terme, sur les actions de développement.

Les activités de la Cour Pénale Spéciale pour la Centrafrique (CPS) avance à pas de caméléon. Les criminels et bandits armés circulent librement et continuent de violer et tuer les civils sans défense, malgré l’existence de 12 000 hommes de la force de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation de la Centrafrique (MINUSCA). Des représentants des groupes armés, reconnus pour leurs exactions, siègent au Gouvernement ou occupent des hautes fonctions de l’Etat en exécution de l’APPR. Un ministre, présumé auteur de plusieurs crimes, arrêté le 19 novembre 2021 par la CPS fut libéré sept jours après par les forces de l’ordre.

Les activités ciblées des OSC ont été faiblement mises en œuvre

Pour contribuer à l’amélioration de ce décor, les 32 organisations de la société civile regroupées dans une coalition coordonnée par l’Equipe-Pays nationale du Civil Society Platform for Peacebuilding and Statebuilding (CSPPS) associées à d’autres plateformes d’OSC nationales et internationales, ont identifié des activités clés pour améliorer la progression de la mise en œuvre future des ODD. A cet effet, cinq principaux projets ont été élaborés et soumis à certains partenaires financiers. Il s’agit des projets suivants :

  • Appui à l’appropriation du processus de la mise en œuvre de l’agenda 2030 et des ODD en RCA. Ce projet devait être conduit en collaboration avec le Gouvernement.

  • Promotion de la protection et de l’élargissement de l’espace civique en RCA

  • Capacitation des OSC, élus, leaders et autorités traditionnelles et locales sur la médiation comme moyen de prévention et de résolution pacifique de conflit en RCA

  • Renforcement de capacités des acteurs locaux pour une gestion rationnelle des ressources naturelles et environnementales et lutter contre le changement climatique dans la commune de Mbaïki. Ayant pour objectif de renforcer la capacité d’adaptation des populations locales.

  • Leading by Example - Peacebuilding through Women’s Networks porté par l’ONG IIDA Women Development Organization pour le compte des OSC du Soudan du Sud, de la Somalie, du Cameroun et de la RCA.

Ces activités n’ont pu être mises en œuvre faute de disponibilité financière. Par contre, les OSC nationales vont être davantage impliquées dans des activités liées au contexte du pays. Ces activités comprennent, de manière transversale, le genre et la jeunesse à travers la constitution de groupe de travail de mise en œuvre. Ainsi :

  • Avec l’appui de la CSPPS, la Coalition Nationale des Organisations de la Société Civile pour le New Deal (CNOSC/New Deal) va mettre en œuvre le projet de contribution à la lutte contre la propagation de l’épidémie du covid19. L’intérêt clé est de faire reculer la pandémie pour que les sources de conflits soient atténuées et la paix sociale soit promue et consolidée dans un contexte local de crise sociopolitique.

Ainsi, 27 villages et quartiers seront sensibilisés aux mesures barrières, 250 entités recevront chacune unkit sanitaire et 200 masques réutilisables. Aussi, douze émissions radiodiffusées réalisées à travers trois stations radio locales vont freiner les stigmatisations et briser les tabous et les mythes.

Sur financement de l’Union Européenne et l’appui technique de l’Electoral Institut for Sustainable Democraty in Africa (EISA) un organe Sud-Africain spécialisé dans l’observation des élections en Afrique, les OSC réunies au sein du Réseau Arc-En-Ciel (RAC) ont observé les élections présidentielles et législatives de 2020-2021 en RCA en déployant 500 observateurs dont 41% de femmes avec un taux de couverture de 30% des circonscriptions électorales.

Ce panorama montre clairement que les OSC n’ont pas les moyens de leurs actions et ne peuvent implémenter efficacement les ODD. Confrontée à défis sécuritaire et financier, la société civile nationale n’a pu les surmonter que grâce à une adaptation adéquate et l’inclusion des notables, des leaders et autorités locales.

Quelle perspective ?

La progression dans la mise en œuvre des ODD soulève au moins deux problématiques : celle liée à la solidarité internationale et celle liée au cadre de mise en œuvre de l’agenda 2030.

Au niveau du Gouvernement, la timide solidarité internationale en régression à cause des intérêts géostratégiques ne peut permettre aux autorités publiques de réaliser des actions de développement durable. Malgré une forte présence des forces des Nations Unies à travers la MINUSCA, des mercenaires reconnus occupent le territoire et brillent en criminalité sans être inquiétés. Ce qui laisse croire que cette frange de la communauté internationale utilise la crise centrafricaine à un but lucratif.

Au niveau de la société civile fragilisée, les activités de promotion de consolidation de la paix ne peuvent se réaliser sans un soutien conséquent de la communauté internationale. Les visions de paix, à l’exemple de celle de L’IDPS , ne peuvent avoir d’application effective que si des activités locales sont effectivement financées et réalisées.

La société civile assez longtemps plaidé pour un renversement de la pyramide de l’enracinement de la démocratie par une instauration de la gouvernance et des élections à la base (gouvernance locale et élection municipale) avant de procéder aux élections législatives et présidentielles. Lors des élections passées, un appui technique et financier de l’Allemagne aux OSC nationales pourrait étendre le champ d’observation de ces élections et renforcer la capacité des femmes afin d’augmenter leur représentation à l’Assemblée Nationale. Une opportunité se présente avec les élections municipales prévues pour avril 2022. La société civile sera-t-elles plus présente ? Rien n’est sû

Quant au cadre de mise en œuvre de l’Agenda 2030, les pays sont invités à choisir leurs propres indicateurs. Or les Etats comme la RCA, soumis à des crises multiformes, sont en manque de ressources et leurs priorités sont ailleurs que la mise en œuvre d’activités de développement durable. L’Agenda 2030 étant le même, à échéance, évaluer ces pays sur les mêmes objectifs à l’instar des pays résilients comme l’Allemagne, le Japon ou les Etats Unis serait peu pertinent. Ceci renvoie à plus de réflexion dynamique sur ce cadre pour une adaptation plus appropriée à des pays en situation de crise profonde.

Si la solidarité internationale se manifestait de manière plausible et concrète par le financement d’activités locales visibles, on peut être convaincu que les ODD progresseraient plus vite au cours des années futures dans des pays fragilisés comme la RCA avec un cadre de mise en œuvre plus adapté.

The Working Group on Peace and Development (FriEnt) is an association of governmental organisations, church development agencies, civil society networks, and political foundations.

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